Dans le Parisien du 26 juin 2010
Violente passe d’armes hier entre le président du conseil général, Patrick Devedjian, et le préfet des Hauts-de-Seine, Patrick Strzoda. Le clash s’est produit en pleine séance à 14 heures alors que le préfet terminait la présentation du bilan annuel de ses services. Répondant à une question sur le montant des transferts de l’Etat non compensés, Patrick Strozda explique que le budget de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) était excédentaire grâce à la compensation de l’Etat. « Le département est redevable de 12 M€ à l’Etat », a-t-il lancé. En entendant ces propos, le sang de Patrick Devedjian ne fait qu’un tour. Se dressant devant le préfet et le menaçant du doigt, il fulmine : « Je ne vous permets pas de dire cela. Je n’ai pas les mêmes chiffres que vous. Il faudra me les prouver. » Puis, blanc comme un linge, Patrick Devedjian lève la séance pour la pause-déjeuner qui avait peut-être trop tardé… La droite sous le choc Assis l’un en face de l’autre à table, les deux hommes ne desserrent pas les dents. Ambiance…! Avant le dessert, Patrick Devedjian se lève néanmoins pour dire son souhait que ses services et ceux de l’Etat se rapprochent pour tirer au clair cette querelle de chiffres. La glace enfin brisée, les deux hommes se remettent à dialoguer et la séance reprend.
Mais l’affaire fait grand bruit parmi les élus. A gauche, on donne raison à Devedjian. Il a fait comme Claude Bartolone (NDLR : le président PS du conseil général du 93) avec le préfet de Seine Saint-Denis », s’est félicité Gilles Catoire, le conseiller général et maire PS de Clichy. A droite, sous le choc, on ne s’explique pas ce « pétage de plombs ». Des élus de la majorité ont même vu dans cet échange une « critique ouverte du préfet sur la politique sociale menée par le président du conseil général ». Une politique jugée trop frileuse en cette période de crise. Le préfet, quant à lui, reste prudent : « Nos chiffres ne correspondent pas. On va reprendre le dossier. » Dans l’entourage de Patrick Devedjian, on tente d’expliquer son coup de sang. « Il a pris les allégations du préfet comme une provocation, explique son entourage. Le budget de la MDPH n’est pas équilibré grâce à l’Etat, contrairement à ce qu’a affirmé le préfet, mais parce qu’on a utilisé des excédents. » Au conseil général, on prédit d’ailleurs que l’an prochain les crédits de report des années précédentes et la compensation de l’Etat ne suffiront plus à couvrir les dépenses. Le déficit devrait atteindre entre 12 et 15 M€.
Patrick Devedjian a décidément vécu une journée difficile puisque hier en fin d’après-midi, l’élu PC de Bagneux, Patrick Alexanian, lui a décerné un « pipeau d’or ». En cause, l’insuffisance des mesures du conseil général dans ce domaine malgré l’organisation d’assises de la jeunesse lancées il y a deux ans. Sans répondre sur le fond, Patrick Devedjian a considéré cette intervention « hors sujet ».