AMNESTY INTERNATIONAL
COMMUNIQUÉ DE PRESSE 7 décembre 2010
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Mardi 7 décembre, Amnesty International a condamné un jugement religieux signé par plusieurs dizaines de grands rabbins municipaux d’Israël qui interdit la location et la vente de logements aux non-juifs.
« Ce jugement rendu par des responsables religieux employés par l’État d’Israël, dont les salaires sont payés avec des fonds publics, vise manifestement les citoyens palestiniens, qui représentent 20 % de la population israélienne, et met en évidence la discrimination permanente que ceux-ci subissent en matière de logement et dans d’autres domaines », a déclaré Philip Luther, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
Bien que cette décision ne fasse pas partie de la politique gouvernementale officielle, parmi les rabbins qui l’ont rendue figurent l’influent Shmuel Eliyahu, grand rabbin de Safed, et ses homologues d’un certain nombre d’autres villes et municipalités d’Israël, dont tous sont dans les faits des fonctionnaires. En octobre, le rabbin Eliyahu a écrit une lettre enjoignant aux juifs de ne pas vendre ni louer d’appartements à des non-juifs, apparemment en réaction aux demandes d’étudiants arabes cherchant un logement en vue de suivre des cours dans une université locale. Ce courrier a été signé par 18 autres rabbins.
« Le message que ces recommandations envoient aux citoyens palestiniens partout en Israël ne pourrait être plus clair : la discrimination envers les Palestiniens cherchant un logement est soutenue par les autorités religieuses », a souligné Philip Luther. La lettre du rabbin Eliyahu demandait également que des mesures soient prises contre les juifs qui louent ou vendent des logements à des citoyens palestiniens d’Israël.
Elle contenait notamment le passage suivant : « Les voisins et connaissances [d’un juif qui vend ou loue à un arabe] doivent prendre leurs distances de lui, s’abstenir de faire des affaires avec lui, lui refuser le droit de lire la Torah et l’[ostraciser] d’autres façons similaires jusqu’à ce qu’il revienne sur cet acte néfaste. » En novembre, le ministre israélien chargé des minorités a demandé que le ministre de la Justice enquête sur le rabbin Eliyahu pour incitation, en vue de le suspendre de son poste de rabbin municipal. À la connaissance d’Amnesty International, le ministre de la Justice n’est pas intervenu à cet égard.
« Le gouvernement israélien, en tant que partie à des traités internationaux relatifs aux droits humains qui interdisent la discrimination fondée sur la race, l’appartenance ethnique ou la religion, doit désavouer cet appel émis par d’éminents rabbins, prendre des mesures disciplinaires à l’encontre du rabbin Eliyahu et des autres fonctionnaires prônant le racisme, et s’efforcer de faciliter l’accès des citoyens palestiniens d’Israël au logement et à l’enseignement supérieur », a ajouté Philip Luther.