Je porte à votre connaissance une lettre de mon collègue Conseiller général à la fédération du PS du 92 à la fois pour votre information mais aussi parce que j’en partage les termes sur des éléments qui dépassent la situation particulière de Gennevilliers.
J’en profite pour dire deux mots sur des comportements anti-unitaire à gauche qui se sont parfois exprimés lors des élections cantonales.
En effet, comme beaucoup sans doute à gauche, j’ai assez mal pris les duels « fratricides » imposés par les verts/Europe écologie ou le PS, qui contre la discipline républicaine, se sont maintenus contre les candidats Front de Gauche arrivés en tête de la gauche. J’en profite pour saluer tous ceux qui dans ces partis se sont élevés contre de telles pratiques.
Une chose est le débat nécessaire au sein de la gauche sur des propositions alternatives une autre est l’anti-union.
On ne peut en effet prôner l’union quand cela arrange et qu’on s’assure du soutien des autres à ses candidats et la refuser quand il s’agit de soutenir un autre candidat de gauche que les électeurs ont placé en tête. Que dans ces circonstances, les candidats Front de Gauche l’aient emporté est à mes yeux le signe que l’électorat de gauche, conscient de l’importance de battre la droite et Sarkozy fait le choix de l’Union. C’est de bon augure pour le Front de gauche et pour toute la Gauche qui ne gagnera qu’unie et crédible sur ses propositions pour changer les choses.
Ce comportement de désunion est à mes yeux la relance de la machine à perdre à gauche. Car la nécessité de l’union correspond non à des intérêts particuliers mais au besoin fortement exprimé par les électeurs de l’Urgence de battre la droite.
Ne considérer l’Union que comme une « opportunité » pour faire avancer ses propres intérêts de parti, (en laissant en fait la droite et le FN arbitrer et choisir le candidat de gauche qui lui déplait le moins) ne peut que contribuer à décourager l’ensemble de l’électorat de gauche.
La Gauche a récolté de nombreuses défaites avec de tels comportements. Renouveler les mêmes comportements et erreurs, peut renouveler la défaite. Que ceux qui croient que les choses sont faites et que la gauche n’a qu’à se baisser, me semblent bien loin des préoccupations des électeurs.
Au contraire la victoire, à notre portée, exige de toutes les forces de Gauche à la fois une vraie sincérité dans l’Union et dans l’élaboration d’un programme qui va vraiment changer les choses…
C’est le sens de mon combat
Pour lire la lettre de Patrice Leclerc.
Cher camarade,
Le 13 mars 2011, en pleine campagne des élections cantonales je t’ai écrit pour te demander ton avis et ton intervention sur la campagne de la candidate socialiste à Gennevilliers. Je te mettais en copie sa circulaire électorale qui ne comportait aucun mot contre Devedjian, ni contre Sarkozy mais dont le titre "Il est temps que ça change à Gennevilliers" était bien trouvé car correspondant parfaitement au contenu cherchant à se distinguer totalement de la majorité municipale.
Cette circulaire concluait par cette touchante formule « Cela fait 23 ans que vous élisez sur le canton le même conseiller général qui, à cause de la faiblesse de son parti –le parti communiste-, ne parvient pas à obtenir des résultats probants pour notre commune. Si ce n’est avec l’aide des élus socialistes. En effet, que ce soit pour le métro, le tramway ou la nouvelle piscine de Gennevilliers, c’est le Conseil Régional dirigé par la majorité socialiste qui a assuré en grande partie les financements ! ».
Dois-je comprendre que la gestion de la région ne se fait qu’avec les élus socialistes et qu’il n’y a pas une gestion d’union ? Est-il possible d’envoyer une facture à la Région pour qu’elle complète ses subventions car elle a financé 1,5 millions pour la piscine pour une dépense de 16 millions d’euros ? Dois-je rappeler que la Région subventionne à 300 000 euros le CMS de Gennevilliers, moins que le Conseil général et bien moins que la Ville de Gennevilliers (8 millions d’euros décidés par la majorité PCF/PS/AC/PG/UdG) ? Dois-je insister sur les responsabilités de la Région dans la gestion du STIF et son refus de débrancher la ligne 13 du métro, seule solution pour améliorer les conditions de transport, ou encore à inviter les gennevillois à engager des actions contres les baisses de subventions dans le domaine de l’insertion par l’économie…
A la suite de mon interpellation, tu m’as appelé sur mon portable pour me dire que tu regrettais cette attitude de la candidate, que tu ne la soutenais pas mais que tu ne ferais rien avant le résultat des élections. Effectivement tu n’as rien fait ! La candidate en a rajouté avec des tracts, en pleine période de trouble avec les affrontements entre jeunes de Gennevilliers et jeunes d’Asnières, sur le thème « insécurité, stop au laxisme », visant toujours la gestion municipales et souhaitant un grand débat sur la création d’une police municipale à Gennevilliers, l’instauration de la vidéo surveillance,…
Le 6 février 2011, j’avais publiquement alerté mes camarades socialistes sur mon site en ces termes : « L’important, mon inquiétude, c’est que la candidate socialiste choisisse comme premier thème de campagne, comme mise en avant public le thème de la sécurité. Un thème où il vaut mieux essayer d’agir pour trouver des solutions que parler pour dénoncer au risque de renforcer « le vote pour l’original plutôt que la copie ». Il faut tirer les leçons de l’expérience : la mise en avant de ce thème par Jospin, ne lui a pas réussi, pas plus qu’à Ségolène Royal, face à un Sarkozy qui a fait de la surenchère avec le FN. Après les discours, la situation a empiré et le FN ramasse les bénéfices. La gauche n’a pas intérêt à ces surenchères sécuritaires, les populations non plus.
Je n’oublie pas que de très nombreux électeurs socialistes ont voté pour moi dès le premier tour des élections cantonales. Je respecte leur opinion. Nous ne sommes peut-être pas d’accord sur tout, mais nous le sommes sur l’essentiel : notre volonté de battre la droite et l’extrême droite, notre volonté de faire gagner la gauche pour mener une politique de gauche. Je sais donc qu’ils ne peuvent se reconnaître dans une campagne prenant les thèmes de prédilection de la droite sarkozyste ou du FN. Au-delà de l’erreur électorale qui ne profite qu’aux adversaires, cette erreur place le débat politique sur un terrain favorable à celles et ceux, démagogues, qui promettent que cela ira mieux en trouvant des boucs émissaires, qui proposent de s’attaquer aux conséquences plutôt qu’aux causes.
Cet axe de campagne est irresponsable. Je ne le comprends pas. »
Depuis il y a eu le résultat des élections. Ici, comme ailleurs, l’électorat de gauche a sanctionné celles et ceux qui portent la désunion. Il y a eu les échecs des combinaisons politiciennes entre EEVerts et le PS dans le Val de Marne, échecs en Seine-St Denis. Et ici, à Gennevilliers, Jacques Bourgoin a réalisé 59,38 % des voix (+3,57%) et le PS a obtenu l’un de ses plus mauvais résultats avec 5,86% (perdant la moitié de ses voix de 2004 -258 voix) et le Fhaine s’est retrouvé présent au second tour.
La Fédération socialiste n’est pas intervenu pour éviter cette ligne politique suicidaire. J’espère que tu vas aider la candidate socialiste et ses conseillers, aventuriers politiques, qui ont « pensé la campagne » (Farid Bounouar, Mansour Djaïleb,…) à tirer les leçons politiques de cette mauvaise stratégie politique. Cela fait deux scrutins où ils sévissent sur ce type de ligne anti unitaire.
En pleine épreuve pour les élus de Gennevilliers et Asnières qui devaient faire face à des affrontements violents et sanglants entre jeunes, tu as donc laissé des socialistes demander et engager un débat public sur le thème de la police municipale à des fins purement électoralistes (jamais ce débat n’a été demandé en réunion de majorité).
Je te propose donc de mener ce débat puisqu’il a été demandé publiquement par les socialistes dans le cadre d’une élection départementale. Je te propose que nous organisions une réunion publique tous les deux dans laquelle nous pourrions exposer :
- notre conception du service public de police, du rôle de l’Etat et de notre acceptation ou non des transferts de charges
- confronter nos opinions sur le thème : faut-il ou pas une police municipale ? Avec quelle conception de l’égalité républicaine sur le territoire, quel avenir pour les missions régaliennes de l’Etat et de leur financement ?
Ce débat idéologique sera d’autant plus intéressant que nous pourrons nous appuyer sur des pratiques et des réalités. Aussi je propose que nous étudions deux cas de figures proches : la ville d’Asnières qui a une police municipale, et la ville de Gennevilliers qui n’en a pas.
Quelle différence d’évolution de la délinquance sur les cinq dernières années ? Y-a-t-il eu un plus à Asnières avec la police municipale pendant les affrontements entre jeunes par rapport à Gennevilliers ? Les différences sont-elles significatives d’un point de vue de capacité à intervenir contre les actes de délinquance ? Nous pourrions aussi nous appuyer sur une étude d’opinion : les habitants des quartiers nord d’Asnières se sentent-ils plus en sécurité grâce à la police municipale que les habitants du Luth qui n’en ont pas ? Tout cela pourrait se mettre en regard avec l’évolution du coût de la police municipale dans le budget municipal? Combien de postes d’animateurs cela représente-t-il ?
Nous pourrions essayer l’un comme l’autre, de montrer les différences de conception et de pratiques entre la gauche et la droite sur les questions de sécurité ?
Ce débat intéressera certainement de nombreux citoyens à gauche qui s’interrogent sur la possibilité de mener une autre politique que celle développée par le gouvernement Sarkozy. Il intéressera nos camarades qui ont la rude tache de gérer des collectivités locales, ainsi que tous les élus du département dans le cadre de la préparation des sénatoriales.
Je me tiens à ta disposition pour préparer une telle rencontre publique.
Dans l’attente de ta réponse, Soit assuré, cher Pascal, de mes sentiments les meilleurs.
Patrice leclerc
Conseiller général de Gennevilliers