Avant de lire mon intervention, je dois vous prévenir du fait que de nombreuses interruptions ont été faites, je ne suis pas sûr d’avoir suivi mon texte.
Ma foi,
un peu de controverse ne peut pas faire de mal. Et, je le confesse ces
interruptions ne me fâchent pas, elles font parties d’un débat vivant.
Deux remarques toutefois.
Quand l’une des personnes qui m’a le plus et le
plus fortement apostrophé, se présente pour être membre de la commission des
candidatures, qui va choisir les prochains dirigeants, on ne peut que
s’interroger sur sa tolérance dans la diversité de la prochaine direction élue.
Et Enfin, ces interruptions ne m’ont pas
vraiment permis de m’en tenir au texte. Et je ne suis pas sûr d’avoir respecté
ce qui a été couché sur le papier. Mais vous aurez au moins ce que je voulais
dire… Et je crois qu’avec mes ajouts et mes suppressions dans le
« live » comme on dit, je crois avoir réussi à faire comprendre le
fond de ma pensée aux délégués…..
A vous maintenant :
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Je ne viens pas vous dire que je m’en vais…
Et cela ce n’est pas rien pour moi.
Je voudrais dire combien face à cette politique
de refonte ultra libérale de la société française, le besoin d’une force de
résistance transpire par tous les pores de la société. Combien une force
d’alternative et d’union est réclamée par tous ceux qui n’en peuvent plus. Dire
que nos militants comme la population ont besoin d’espoir et d’enthousiasme. Et
que susciter l’enthousiasme c’est d’abord montrer sa capacité de rassembler
pour être efficace.
Les communistes devraient, pourraient au moins
essayer, de devenir cette force là.
A ce congrès la seule chose notable va être le
changement de secrétaire général. Changement que l’on va réussir à faire sans
discussion sur le travail de la direction.
Mais pas de changement de ce coté là…
Pourtant, comment ne pas constater la faillite de la direction. Faillite aussi d’ailleurs des oppositions internes de tous bords. De celles d’hier, à celle qui vient de partir, à ceux qui comme moi restent encore.
Ces faillites collectives, n’égayent certes pas
le discours pourtant… elles pourraient au contraire créer enthousiasme et
dynamisme si on voit l’immense chantier à construire et à rénover pour créer
une force d’aujourd’hui.
Franchement il est plus motivant de construite
une maison neuve de ses fondations et dont on voit s'élever les murs que de
rafistoler un édifice qui s'enfonce au moindre glissement de terrain?
Le verra t on ?
Notre capacité à ne parler que de nous, à ne
penser que par rapport à nous, à nous croire au cœur du monde et des enjeux de
celui-ci n’a pas changé.
Cela pouvait se comprendre peut être lorsque
nous faisions 18, 15%, peut être… même 11…
Mais à 3%, 1,9%... Avec des scrutins où les
seules poches de résistances sont nos implantations locales…
Il y a urgence non ?
Peut-on penser le PCF comme à un acteur parmi
d’autres ?
Peut-on oser dire que ce que nous avons obtenu
est d’abord le résultat de nos actes.
Je voudrais vous raconter une histoire.
C’est l’histoire d’un scorpion qui voulait
traverser une rivière.
Evidemment il craint l’eau et il n’y a pas de
pont. En cherchant un gué, il rencontre une grenouille :
« accepterais-tu de me faire traverser » dit-il plein d’aplomb à la
grenouille. Et celle-ci de répondre. « Mais tu vas me piquer ? »
« Bien sur que non- dit le scorpion- pense
y si je te pique je vais me noyer ». C’est un habile scorpion.
« Bon dis la grenouille de bonne composition… »
Les voilà partis l’un sur l’autre traversant la
rivière. A mi-chemin. Tac ! Le scorpion pique la grenouille.
Celle-ci dans un dernier râle lui
dit : « mais toi aussi tu vas mourir. »
« Je sais - répond le scorpion - mais c’est plus fort que
moi ? »
Sommes nous si loin de notre parti ?
Qu’elle est notre nature, la nature du PCF.
Sommes de la nature de ceux qui veulent passer
la rivière et aider notre peuple à atteindre l’autre rive ? Ou sommes-nous
de ceux qui préfèrent rester tel que nous croyons avoir été dans le
passé ?
Evidemment j’ai connu le parti qui ne supportait
pas le désaccord exprimé où les «cordons sanitaires » se déployaient face
à ceux qui disaient autre chose.
Je n’en suis pas nostalgique du tout.
Maintenant nous sommes dans un parti où la
parole est libre. On laisse parler… et
on passe à autre chose…Libre donc mais inutile.
Du parti « ferme ta gueule » au
« parti cause toujours » au fond l’essentiel n’a pas changé. Ce que
nous n’avons pas réussi ou essayé de faire est de gérer les différences pour le
bien commun.
Hier on les faisait taire aujourd’hui on laisse
couler…
Hier ils partaient un à un ou à plusieurs,
mais : disait on : ils voulaient couler le parti.
Aujourd’hui ils partent tout autant… on reste
moins nombreux. Et on s’en moque.
Et nos électeurs prennent le même chemin…
Nous sommes dans un parti où le désaccord ne
peut être qu’ « ennemi ». C'est cela qu'il faut changer et vite.
Il l’est à l’intérieur comme il l’est à
l’extérieur avec les autres?
Et on le gère de la même manière. Certes les
autres, on ne peut pas faire comme s’ils n’existaient pas alors on fluctue. Un
jour c’est bon, l’autre c’est l’ennemi. Un jour on veut, un autre on ne veut
plus…
D’où cette attitude face au front de gauche et à
tant d’autres.
Non, je ne suis pas naïf.
Oui les autres ne nous veulent pas forcément du
bien… ou en tous cas ils veulent plus de bien pour eux que pour nous… Nous
sommes pareils. C’est un peu cela la politique non ? Faut-il être seul pour pouvoir être compris.
L’énoncé d’un autre point de vue que le notre suffirait-il à nous
décrédibiliser ?
Le penser renseigne sur le peu de foi que nous
portons à nos idées…
Certes, on ne nous fait pas de cadeau… Pourquoi
le ferait-on d’ailleurs ? Certes, on ne donne pas souvent la parole. Mais
que dit-on quand on parle ?
Une exemple : La formidable trouvaille, la
dernière, est de permettre à ceux qui veulent rejoindre le front de gauche sans
adhérer à un des partis qui le constitue, d’avoir le droit de …
devenir « ami du front de gauche »…
Franchement bravo… Bel exemple de changement de
la vie politique… Bel exemple de peur des appareils par rapport à l’engagement
des militants.
Autre exemple. Aux régionales.
Alliance avec le PS dans des régions, avec le
front de gauche dans d’autres, accord pour aller dans l’exécutif ici, pas
d’accord là… Il y en a pour tous les gouts.
Bref, clarifions-nous les choses ?
Oui, il faut changer. Et le temps, camarades, ne
joue pas pour nous.
Lénine disait : "le temps n’attend
pas ! »
Dans ma section, affaiblie certes, mais toujours active et
animée, pendant longtemps j’ai évolué en même temps que la moyenne d’âge des
délégués. Cette année j’ai pu constater que la moyenne d’âge de la conférence a
pris trois ans de plus que moi ? En fait depuis ces dernières années, elle
prend 4 ans tous les trois ans. Si on ne change rien… Cela va continuer…
Oui, il y
a urgence.
Ai la conviction que si nous n’arrivons pas, non
seulement à accepter les désaccords internes, mais à en faire une force, une
chance pour avancer, nous n’arriverons pas de la même manière à gérer notre
place dans la gauche, dans la société.
Si nous continuons de forger notre militantisme
dans la bataille pour éradiquer le point de vue différent, nous ne serons
jamais capables de rassembler. Et donc d’exister dans ce rassemblement, d’y
faire comprendre notre place et le rôle que nous voulons y jouer et réussir à
prouver que nous voulons nous mettre au service de tous, y compris de ceux qui
ne pensent pas comme nous pour être efficace.
Hélas, les départs en nombre et l’attitude du
parti à cet égard me font penser que sans rupture dans ces attitudes
politiques, nous ne serons pas en situation de changer quelque chose à la chute
de notre influence.
A tous ces militants qui se dépensent sans
compter pour faire vivre le parti au quotidien, à ces élus qui travaillent dans
la crise et tentent de la contrecarrer sans jamais abdiquer. A tous ceux qui ne
comptent pas leur temps pour permettre au PCF de gagner des élections locales
mais qui ne peuvent enrayer les logiques nationales.
A ces militants qui tentent tous les jours avec
d’autres de rassembler pour agir, contre les mauvais coups des retraites et
autres décisions du MEDEF validés par le gouvernement.
A tous ceux là, le parti doit beaucoup et plus
encore. Il doit devenir digne d’eux…
Ce serait à mes yeux le vrai enjeu du débat
autour des directions. Le vrai sens d’une rupture nécessaire à un renouveau…